À toutes les femmes : LIBÉRONS-NOUS DE NOS ÉTIQUETTES INVISIBLES
Portez-vous une étiquette que vous n’avez pas choisie?
Chaque jour, depuis 20 ans, je rencontre des femmes qui en ont reçu sous la forme de commentaires blessants, dégradants. Par rapport à leur physique, par rapport à ce qu’elles dégagent.
L’impact de ces commentaires est énorme sur la vie de ces personnes.
Pour certains — beaucoup, en fait —, donner des étiquettes aux femmes pour les catégoriser est normal.
T’es trop émotive.
T’es trop ambitieuse.
T’es pas assez féminine.
T’es pas assez maternelle.
T’es trop autoritaire.
T’es trop grosse.
T’es hystérique.
T’es trop vieille.
T’es nunuche.
Ces étiquettes ne proviennent pas toujours d’inconnus. Parfois — souvent même —, ça vient d’un proche, d’un boss ou de quelqu’un qui fait partie de l’entourage. J’évolue dans un domaine très intime, presque tabou, celui de la lingerie. Et je suis à la tête de mon entreprise depuis que j’ai l’âge de 14 ans. 14 ans seulement. Laissez-moi vous dire qu’on m’en a donné des étiquettes. Celles de la « trop jeune », de la « pas capable », entre autres. Depuis 20 ans, un seul désir m’habite. Mettre la femme en valeur. La femme sous toutes ses coutures, peu importe qui elle est. Toutes les femmes.
Mais un constat s’impose.
Trop de femmes choisissent de camoufler qui elles sont vraiment, juste pour éviter de se faire coller une étiquette qui — qu’on le veuille ou non — laisse des traces, des empreintes.
Parce qu’à force de se les faire répéter, ces commentaires, ces étiquettes créent des fissures dans notre estime personnelle.
Inconsciemment, involontairement et progressivement, le doute s’installe et on se met à questionner nos capacités, notre valeur, notre pertinence. Puis, on finit par y croire.
« C’est vrai, je suis trop ceci, pas assez cela. »
Quand on se fait catégoriser par une étiquette, c’est une partie de notre « moi » qu’on perd et on s’empêche d’être réellement qui on est parce qu’on ne veut plus entendre ces mots qui font mal. On se masque, on se tait, on prend notre trou.
Imaginez un instant ce qui se passerait si chaque femme se libérait de son étiquette, de ses étiquettes.
J’ai ce besoin criant : celui de libérer les femmes.
À vous, mesdames, je vous dis ceci : affichons nos 1001 facettes et crions « JE SUIS PLUS QUE! »
« Je suis plus que les mots qui m’ont blessée, plus que la taille de mon pantalon. Plus qu’un corps, avec tout son vécu. Plus que la job que j’occupe. Plus qu’une épouse, une belle fille, une maman. Je suis plus que ça. »
Il faut le faire pour nous. Mais aussi pour encourager les autres femmes qui nous regardent, celles sur lesquelles on exerce une influence. Celles qu’on peut inspirer, transformer.
Quelque chose de magnifique se produit lorsqu’on s’unit, les femmes. Quelque chose de fort. D’exceptionnel. D’incomparable.
Ensemble, décollons nos étiquettes et montrons-nous sous notre vrai jour.
Signé Emma Dunn,
Propriétaire de Lingerie Emma
Lettre ouverte appuyée par Kim Richardson, Lulu Hughes, Marie-Claude Barette, Saskia Thuot et Tyo.
Photos : Andréanne Gauthier